Actuculture

POSSESSION !

Le nouveau film de James GRAY n'a pas fait beaucoup parlé de lui lors du dernier Festival de Cannes. Découvert récemment, ce film réuni l'extraordinaire Joaquin Phoenix, Bruno (vu cette année dans The Master de Paul Thomas ANDERSON) et Marion COTILLARD, Ewa. James GRAY, comme à son habitude, raconte une histoire. Marion COTILLARD se retrouve dans le rôle d'une "sainte-putain". En effet, celle-ci est prête à tout (se prostituer notamment) pour retrouver sa soeur. Joaquin PHOENIX, quant à lui, s'éprend d'Ewa, il éprouve un désir très intense à l'idée de la posséder.

Audition

La Vénus à la fourrure, le dernier film de Roman POLANSKI est une adaptation du roman de Leopold von Sacher-Masoch, d'après la pièce de David Ives, Venus in Fur. Le film est un huit-clos mettant en scène Thomas, joué par l'extraordinaire Mathieu AMALRIC (vu cette année dans le dernier film d'Arnaud DESPLECHIN, Jimmy P.) et Vanda jouée par Emmanuelle SEIGNER (exceptionnelle). Après Carnage, POLANSKI nous offre un film remarquable qui saura se démarquer cette année auprès des autres films. En effet, un théâtre, deux acteurs faramineux et surtout des dialogues passionnants, voilà de quoi se contente notre cinéaste pour réaliser son dernier film. 

Thomas tombe complètement sous le charme de la prestation de Vanda.

 Thomas, producteur de la pièce La Vénus à la fourrure, a passé sa journée à auditionner des candidates afin de trouver celle qui jouera Vanda dans sa pièce. Exténué par la piètre performance des ces dernières, il se lamente au téléphone avant de quitter le théâtre. Alors qu'il se tient sur le départ, une dernière candidate arrive, Vanda. A première vue, elle représente tout ce qu'il déteste : extravertie, vulgaire, écervelée. Elle parvient à être auditionnée. Sur scène, elle est comme métamorphosée. Sa prestation est parfaite, Thomas joue la pièce avec elle. Le rythme du film repose sur les dialogues. Les scènes jouées pour la pièce de théâtre sont entrecoupés avec les échanges de Vanda et Thomas. Ces derniers ne cessent de se disputer, de débattre sur le message divulguée par La Vénus à la fourrure. Grâce à la justesse de sa prestation, Vanda va rapidement prend le dessus sur Thomas, il sera dominé, les rôles vont basculer. La Vénus à la fourrure évoque aussi ce rapport de dominance, nous sommes très vite enchâssé dans la pièce.

Roman POLANSKI nous offre un film particulièrement scotchant. Il relève parfaitement le défi de réaliser un film avec la présence de deux acteurs seulement dans un même décor ! Un film intense du début à la fin grâce à la force des dialogues et à la prestation extraordinaire des acteurs.

A toute vitesse !

Le film du coréen BONG JOON HO est une libre adaptation de la Bande-dessinée Le Transperceneige écrite par Jean-Marc Rochette (dessin) et Jacques LOB (scénario) au début des années 80. Dans ce film qui propose une organisation horizontale de la société s'affrontent des privilégiés vivant dans la tête du train et les damnés de la terre des wagons de queue. Ils sont tous prisonniers d'un train fonçant à tout allure sur une planète désolée par une catastrophe écologique ayant entraîné une nouvelle glaciation. A la différence de Metropolis ou de Titanic qui montraient, eux, une organisation verticale de la société opposant les riches aux pauvres. Tout l'univers de BONG JOON HO développé précédemment dans The Host est visible sur l'écran, notamment à travers la relation père-fille, thème récurrent de son oeuvre. Sous ses airs de blockbuster américain, Snowpiercer est en réalité le film d'un auteur libre et de plus en plus indispensable au cinéma mondial.

Extrait de la bande-dessinée, Le transperceneige de LOB et ROCHETTE (1982)

L'odyssée d'Ulysse

 Le nouveau film des frères COEN récompensé par le Grand Prix du dernier Festival de Cannes, raconte quelques jours de la vie d'un musicien New-Yorkais interprété par Oscar Isaac (vu dans Drive de Nicolas WINDING REFN en 2012). Leur Llewyn Davis s'inspire d'un musicien qui aurait été la principale influence de Bob DYLAN au début de sa carrière. Dans ce film, on retrouve le comique désabusé des frères COEN. Le personnage échoue dans tout ce qu'il entreprend, tout en croisant des seconds rôles haut en couleur comme John GOODMAN qui livre une performance mémorable. Oscar ISAAC interprète lui-même les chansons chantées dans leur intégralité à l'écran. Les clubs enfumés du Village du début des années 60 sont recréés avec énormément de précision . Un chef-d’œuvre de plus dans la longue carrière des COEN, particulièrement à l'aise dans des petits films à taille humaine.

Oscar ISAAC, le fabuleux Llewyn Davis

Avant-première !

Le Festival Jean-Carmet à Moulins (03) est souvent l'occasion de découvrir des petits chef-d'oeuvres du cinéma français avant leur sortie officielle ! Le cinéma français ne finit plus de nous étonner et redonne un peu de vie et d'espoir dans le paysage cinématographique.

Cette année, nombreux sont les films français qui ont su retenir notre attention. La fille du 14 juillet d'Antonin Peretjatco, L'inconnu du lac d'Alain Guiraudie, La bataille de Solferino de Justine Triet sans oublier la palme d'or : La vie d'Adèle d'Abdellatif Kechich.

Suzanne de Katell Quillévéré fut une belle surprise. Sa sortie est officiellement prévue pour le 18 décembre 2013. Il met en scène la fabuleuse Sarah Forestier, François Damiens (vu quelques mois plus tôt chez Serge Bozon dans son dernier film assez déjanté, Tip Top), mais aussi Adèle Haenel et Paul Hamy.

Suzanne (Sarah Forestier) et Maria (Adèle Haenel) vivent seules avec leur père, Nicolas (François Damiens). Alors qu'elle est adolescente, Suzanne tombe enceinte. Elle continue de vivre chez son père avec son fils. Un jour, elle rencontre Julien (Paul Hamy) dont elle va tomber folle amoureuse, elle va alors tout quitter pour rester auprès de lui.

Suzanne et sa soeur, Maria dans un moment de complicité

Ce film est bouleversant sans pour autant sombrer dans le pathos. L'histoire est sombre mais la mise en scène et la justesse des personnages font que jamais nous prenons partie ou plaignons un personnage. Suzanne grandit, son père vieillit. Ces personnages traversent  le temps, les âges. François Damiens est bouleversant. Sérieux ou déjanté, il continue de nous surprendre.

Suzanne, un film de Katel Quillévéré ou plutôt un simple bijou cinématographique !