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Nymphomaniac de Lars Von Trier

 Aberration !

 

Après Mélancholia, Lars Von Trier revient avec un film qui s'étire sur deux volumes, Nymphomaniac. Charlotte Gainsbourg (qui tourne avec le cinéaste pour la troisième fois consécutive) incarne Joe, nymphomanie ou plutôt, sexuellement dépendante. Inerte sur le sol d’une ruelle glauque, Seligman  (joué par Stellan Skarsgård) s’arrête et invite Joe chez lui. Débute alors une discussion entre les deux protagonistes dans une chambre décorée de manière froide et impersonnelle. Une métaphore entre la pêche, passion de Seligman, et les aventures sexuelles de Joe illustre les propos échangés entre Joe et Seligman. Ce qui apparaît gênant d’entrée de jeu, c’est le fait que Lars Von Trier colle une image à tous les dires échangés, ce qui laisse une impression d’être pris pour des imbéciles (nous savons parfaitement à quoi ressemble un sac de pommes de terre !). Heureusement, cela disparaît dans la deuxième partie du film !

                Le premier volume de Nymphomaniac raconte la vie sexuelle de Joe, de son enfance jusqu’à ce qu’elle atteigne environ la trentaine. La jeunesse de Charlotte est jouée par Stacy MARTIN, jeune fille à la beauté vampirique. Celle-ci éprouve de forts sentiments pour son père qui finit par mourir alors qu’elle n’a environ que 20 ans. Sa mère est très peu évoquée. Scènes de sexe dans le train, chez Joe, à l’hôpital, etc. sont ont rendez-vous dans cette première partie. Jérôme, joué par Shia LABEOUF, semble servir de fil conducteur dans la vie orientée par le sexe de Joe. Elle commence par lui offrir sa virginité, le retrouve quelques années plus tard dans une société où elle se fait embaucher, tombe « amoureuse » de lui, lui fait un enfant (Marcel) et finit par se séparer de lui. La fin de la première partie nous laisse perplexe, plusieurs interrogations se posent à nous : où Lars Von Trier veut-il en venir ? Alors on y retourne, trois semaines plus tard !

 

 

                Le premier volume étant orienté sur les péripéties sexuelles de Joe, le deuxième nous emmène plutôt  dans un univers destructeur, sadomasochiste. Nous retiendrons cependant la scène de sexe avec les deux étalons africains, incapables de décider comment positionner la pauvre Joe, de la considérer alors qu’elle s’offre au vu et au su de tout à eux. Une scène qui apparaît raciste. En effet, les deux hommes sont mis en scène comme s’ils étaient des animaux. S’en suit un discours horripilant sur le fantasme de la bourgeoise qui s’envoie en l’air avec des « nègres » (terme employé par Joe dans le film).

                Par ailleurs, dans cette deuxième partie, Joe n’éprouve plus le moindre plaisir sexuel et décide donc d’essayer de nouvelles pratiques : le sadomasochisme. Celle-ci se rend dans un endroit glacial où elle décide de se donner à un jeune homme au visage enfantin, impénétrable. Celui-ci frappe des femmes, femmes volontaires et recherchant du plaisir par ces pratiques. Ces dernières se soumettent à lui en quête de plaisir destructeur. Destructeur sur le plan physique mais aussi psychologique. Joe n’hésite pas à abandonner sa famille (le petit Marcel, son fils et Jérôme) pour s’adonner à ce plaisir révolté.

Nous retiendrons toutefois une belle scène dans ce film, celle où Joe trouve son arbre, en haut d’une colline. Rappelons que son père éprouvait une passion démesurée pour les arbres, passion qu’il a beaucoup partagée avec Joe et pour laquelle cette dernière a toujours voué une grande admiration.

La fin du film est décevante et prévisible. Lars Von Trier semble nous avoir promené pendant quatre heures en nous a imposant deux déplacements pour faire passer un message banal, sans intérêt : les hommes sont tous des porcs, même ceux qui paraissent gentils et confiants (Seligman). De surcroît, Joe, qui se décrit comme une mauvaise personne, parviendra a commettre un crime, seul acte "cruel" qu'elle n'avait pas encore commis. Nous nous demandions où Lars Von Trier voulait-il en venir avec cette histoire aberrante, la réponse est : nulle part. L’histoire de façon générale, les protagonistes ainsi que les faits racontés ne sont pas convaincants. Rien ne tient debout, nous n’y croyons pas une seconde, bien que le réalisme n’est pas ce qui fait la magie du cinéma. Le jeu des protagonistes sonne faux, la véracité des propos, des dires est nulle. Ces derniers apparaissent fades et inintéressants (Où est passée toute la beauté de Charlotte ?). Impossible de s’attacher à qui que ce soit. Sans oublier la scène d’Uma Thurman dans la première partie, qui est juste consternante et pitoyable ! Lars Von Trier prévoit d’ajouter une heure et trente minutes de films en plus de ces quatre heures, probablement les scènes censurées. Heureusement, nous y avons échappé !

 



08/02/2014
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