Actuculture

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Tonnerre de Guillaume BRAC

Tel un coup de tonnerre !

 

 C'est en 2011 que l'on découvre Guillaume Brac avec son premier film, un court-métrage intitulé Un monde sans femmes. Tonnerre n'est pas si éloigné de ce court-métrage, Vincent Macaigne (vu l'année dernière dans La fille du 14 juillet d'Antonin Peretjacko, dans La bataille de Solferino de Justine Triet ainsi que dans Deux automnes, trois hivers de Sébastien Betbeder) illumine le casting dans les deux films de Guillaume Brac qui aborde un thème similaire, le rapport amoureux.

 

Tonnerre met en scène Vincent Macaigne dans le rôle de Maxime, un trentenaire qui vit de sa musique, rocker, de retour chez son père à Tonnerre. Il rencontre la jeune Mélodie lors d'une interview qu'elle lui accorde pour la presse régionale. Maxime va tomber radicalement sous son charme. Après avoir entretenu une relation amoureuse avec celle-ci, jeune fille perdue dans ses sentiments, indécise, elle décide de retourner dans les bras de son ex petit ami, Adam, ce qui va faire naître en lui une profonde jalousie.  Par ailleurs, c'est Bernard Menez, exceptionnel, qui interprète le rôle du père.

 


Bernard Ménez dans le rôle de Jean-Claude, surpris aux toilettes par Mélodie, la petite amie de Maxime.

 

Ce film apparaît, de loin, le meilleur film de ce début d'année. En effet, il illustre parfaitement la génération actuelle des trentenaires, génération qui a du mal à s'insérer professionnellement, à se trouver, à s'engager dans une relation amoureuse stable. Maxime vit chez son père et adopte un comportement similaire à celui d'un adolescent, jaloux, lève-tard, il rappelle fatalement la jeune génération, la crise d'adolescence. De plus, lorsque Mélodie lui annonce leur rupture, il agit sans réfléchir sous le coup de la colère, comportement typiquement similaire à celui d'un adolescent inapte à contrôler ses sentiments. Ce dernier semble à mi-chemin entre l'adolescence et l'âge adulte. Ainsi, celui-ci illustre une profonde réalité, les trentenaires actuels ont de plus en plus de mal à se considérer comme de réels adultes, ils restent jeunes plus longtemps qu'il y a vingt ans.

 

Par ailleurs, Tonnerre ne se contente pas de dresser uniquement un portrait générationnel. Guillaume Brac n'hésite pas à prendre son temps pour filmer le paysage, le vide. Il montre les deux facettes de la ville où se déroule ces évènements : le côté rural avec la maison où vit le père de Maxime qui contraste fortement avec le côté urbain où habite Mélodie, dans une résidence impersonnelle offrant un parking souterrain.

 

        Mélodie et Maxime lors d'une dégustation de vin.

 

Loin des artifices, Guillaume Brac dresse un portrait générationnel dans un film très réaliste. Il est rassurant de voir (enfin) un film générationnel qui ne se passe pas dans les beaux quartiers de Paris mais en Province, dans un petit village où neige et froid sont au rendez-vous, où les acteurs apparaissent totalement naturels. Ces derniers nous offrent une performance exceptionnelle. De surcroît, le paysage, à travers  la caméra de Guillaume Brac, semble presque envieux. Ce film rappelle plus ou moins les films de Maurice Pialat qui s'affirmait dans un naturalisme cru ainsi qu' Un monde sans pitié d'Eric Rochant, à la différence que celui-ci se déroule à Paris. Tonnerre apparaît toutefois dans le même esprit que ce dernier par son côté générationnel, mettant en scène une jeunesse perdue, volage et insouciante.

 



16/03/2014
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